On connaît déjà toutes les astuces classiques pour un jardin respectueux de l’environnement. Mais si on se lâchait un peu, cette année ? Plantes repousse-taupes, jardinage en lasagne ou betteraves rayées… voici nos écogestes insolites, pour une saison cocasse parmi les légumes.
1) JE JARDINE EN LASAGNE
Je superpose des couches de morceaux de carton mouillé à des couches de compost sur la surface du potager. Je vous l’accorde, le résultat n’est pas des plus coquets, mais ce type de jardinage a tout bon, car il empêche la repousse des mauvaises herbes (pas besoin de désherbant), évite l’évaporation (moins d’arrosage), nourrit et protège durablement la terre… Essayez-le, c’est assez spectaculaire, vous verrez bientôt vos légumes pointer le bout de leur nez. Et pour les plus paresseux d’entre vous, le jardinage en lasagne a d’autres avantages : on ne bêche, ni ne sarcle la terre, puisque cela perturbe l’écosystème.
Ainsi, adieu la corvée de bêchage au printemps !
2) JE TRANSFORME MES VIEUX SACS ET MES BOÎTES USAGÉES EN POTS
Des semences de pommes de terre fragiles à conserver ? Préservez-les dans des boîtes à oeufs usagées, une par creux, en prenant garde à ménager leurs « yeux ». De jeunes pousses à faire germer dans la véranda ? Pensez aux briques de lait coupées en deux, aux boîtes de conserves, aux pots de yaourt. Faites travailler votre imagination ! La place manque dans votre jardin ? Utilisez de vieilles poubelles en guise de pots ! C’est très efficace, en particulier pour les pommes de terre qui ont ainsi toute la place pour pousser à la verticale, au lieu de s’étaler à l’horizontale. Autre solution ? De vieux sacs en coton (comme ceux que l’on utilise pour faire ses courses) ou des sacs poubelle, dont on troue le fond, puis qu’on remplit de terre et qu’on suspend à une fenêtre, une poutre ou même une solide branche d’arbre. Et voilà : un gain de place et une esthétique pittoresque, pour des récoltes aussi abondantes.
3) JE CHOUCHOUTE LA FAUNE SAUVAGE POUR PAS CHER
On peut attirer les animaux dans son jardin de plusieurs façons, sans acheter des boules de graines ou des abris en kit. Pour les oiseaux, laissez simplement une petite partie de vos fruits dans les arbres. Cela nourrit ces petits gourmands, et souvent, c’est suffisant pour qu’ils ne s’attaquent pas au reste de la récolte. Pour les hérissons, il suffit de ne pas tondre le long des haies et des murs, d’avoir beaucoup de plantes à feuilles couvrantes, de laisser traîner les feuilles mortes ou de poser un tas de bois dans un coin. Bref, de leur créer des espaces couverts. Quant à nos chers insectes, des plantes capiteuses suffiront à leur bonheur.
4) J’UTILISE UN TUYAU D’ARROSAGE MICROPOREUX
Fini les inondations et le gaspillage de l’eau en utilisant un modèle classique, adieu les corvées d’arrosoir et les épaules douloureuses, les jours sans pluie ! Vive le tuyau microporeux ! Qu’est-ce que c’est ? Il s’agit d’un tuyau d’arrosage qu’on fixe comme d’habitude à un robinet (d’un collecteur d’eau de pluie, bien sûr !), mais qui fuit un peu en permanence. Ne vous inquiétez pas, car il arrose de façon progressive et sans gaspillage. L’eau pénètre mieux dans la terre et n’asperge pas les feuilles de certaines plantes comme les tomates, qui risqueraient de développer des maladies particulières. S’il ne paie pas de mine, il se montrera un allié incontournable pour ceux en quête de nouveautés.
5) JE CULTIVE DES BETTERAVES RAYÉES…
… Mais aussi des tomates noires, des carottes à la peau violette…Bref, je m’amuse en jardinant ! Et puis, cela change des sempiternelles tomates rouges et carottes orange. Je peux également planter des fruits et des légumes dont l’aspect peut rebuter, tels que le chou-fleur romanesco – ce brocoli qui a l’air d’avoir été conçu en laboratoire. L’intérêt n’est pas qu’esthétique : se lancer dans la culture de ces plantes moins connues favorise la biodiversité. Comme nous le rappelle l’association Kokopelli, faire pousser des espèces plus rares ou plus anciennes est un acte très important dans une société où leur nombre diminue dangereusement. Prenez l’exemple des pommes : alors qu’il en existe plusieurs milliers de types, quatre se partagent le gros du marché national. Et l’on se retrouve avec des goûts toujours plus homogènes, mais surtout avec des variétés plus fragiles face aux aléas climatiques et aux maladies.
6) JE CHÉRIS LES MAUVAISES HERBES
Injustement appelées mauvaises herbes, ces plantes sont délicieuses, faciles à cultiver et bénéfiques pour notre santé. Pour preuve ? Les orties qui poussent sans aucune aide et en abondance. Elles sont bourrées, entre autres, de vitamine C et on en fait de succulentes soupes. Sans parler du plantain, que l’on trouve partout. Il soigne les conjonctivites, les piqûres d’insectes et peut même soulager la toux. Ces herbes impopulaires sont jolies et mettront plein de couleurs dans votre potager, à l’instar des boutons d’or, des carottes sauvages et autres pissenlits.
7) JE PLANTE DES CAROTTES DANS MES PARTERRES DE FLEURS
Qui a dit qu’il fallait séparer jardin d’agrément et potager ? Au contraire, brouillons les pistes ! Plantons des choux dans nos plates-bandes, des soucis au milieu des carottes et du persil dans le gazon ! Je tente même des mélanges d’espèces connues pour qu’elles s’entraident. Par exemple, l’aneth protège les choux contre les insectes nuisibles. Carottes et oignons forment des barrières réciproques aux insectes et aux parasites. En plus, j’optimise l’espace : on pense, par exemple, aux traditionnelles « trois soeurs » des Amérindiens, qui faisaient pousser haricots, maïs et courges au même endroit : les haricots grimpaient le long des plants de maïs, en leur donnant de l’azote, et les courges constituaient une sorte de paillage naturel au pied des maïs. Il a été prouvé que les plantes cultivées ensemble sont plus résistantes aux maladies, plus florissantes et nécessitent beaucoup moins d’eau.
8) JE (RE)DÉCOUVRE LES OUTILS DE GRAND-PÈRE
Les progrès de la modernisation nous ont fait oublier les outils de nos ancêtres. Plus solides, souvent plus astucieux, ils sont bien plus drôles à utiliser : ainsi, la faux, pour couper certaines récoltes ; la serpe, pour la taille et la coupe du petit bois ; le fourqueton qui servait autrefois à tracer les raies pour les semis ; ou encore le semoir de précision, une sorte de brouette qui permettait de semer les graines de façon régulière. Parfois, on retrouve de vieux ustensiles oubliés dans le grenier, dont il faut deviner l’usage… À moins d’en inventer un nouveau !
9) J’ÉLOIGNE LES NUISIBLES À COUPS DE PLANTES
Au lieu de s’acharner contre les animaux nuisibles à coups de pesticides et autres poisons, on essaie des méthodes moins violentes pour les éloigner. En plantant une ravissante fleur, l’incarvillée, dont les racines dégagent une odeur que les taupes ne supportent pas. Pour les oiseaux, on fabrique un épouvantail moderne avec de vieux CDs accrochés dans les branches d’arbres, même si leur efficacité n’est pas prouvée : on se demande si nos volatiles n’apprécient pas, au contraire, les jolis reflets que les disques projettent sur les feuilles !
10) JE CONSERVE MES RÉCOLTES
Pour manger la production de son potager toute l’année, il existe un grand nombre de techniques de conservation. La plus amusante ? La fermentation – ou lacto-fermentation – est un principe de conservation ancien. Il suffit de tasser les légumes dans un bocal hermétique, que l’on remplit d’eau et de sel. Cette méthode est, notamment, utilisée dans la préparation des choucroutes et des boissons alcoolisées. On pense également à la conservation au sel : on frotte les aliments d’un mélange de sel, de salpêtre et de sucre. Ou encore à la préservation au vinaigre, c’est-à-dire en réalisant des chutneys, comme nos voisins anglais. On fait cuire des fruits ou des légumes dans du vinaigre additionné d’épices et de sucre, jusqu’à l’obtention d’un sirop épais à la saveur aigre-douce. Expérience finale, la déshydratation : au soleil, dans un déshydrateur électrique ou même dans un séchoir solaire, qu’on bricole avec des sacs noirs, une boîte et une vieille vitre.